Et si les revues étaient le terrain privilégié pour tenter une reconstitution archéologique de l’apparition des manifestes artistiques ? Ou plus précisément, ces fouilles sur le matériau << revue >> permettent-elles de comprendre comment ce genre, si nous acceptons de le considérer comme tel, s’est moulé, acculturé, acclimaté à la culture et écriture dans les revues, genre et medium s’alimentant mutuellement et donnant naissance, dès le XIXe siècle, aux manifestes artistiques annonciateurs de la naissance des groupements et associations d’artistes et d’écrivains ? La volonté de s’avancer sur ce terrain à la manière d’une << enquête archéologique >> vient pour rompre avec l’idée de l’existence d’un document originel qui déterminerait tous les autres, et permet alors de ne plus chercher << ce point d’origine absolue ou de révolution totale à partir duquel tout s’organise, tout devient possible, tout s’abolit pour recommence >> Cela n’exclut cependant pas les points de rupture et les dissidences, les analogies et indépendances mais fixe une famille d’écrits qu’il convient de considérer comme faisant partie du << discours sur l’art >> qui façonne l’histoire de l’art et la littérature. Tels des archéologues, ce que l’on recherche alors <<  n’est pas à établir la liste des saints fondateurs ; c’est à mettre au jour la régularité d’une pratique discursive.  >> (Michel Foucault)