À Naples, les réformes de police du XVIIIe siècle avaient débouché sur la loi du 7 novembre 1798 qui avait défini les contours d’une administration et d’un corps de police détachés de la justice. Pour être rendue effective, cette loi devait être précisée par un ‘Code de Police’ dont la rédaction fut suspendue par les événements révolutionnaires de 1799. La question fut reprise à partir de 1801, comme en témoigne une série de << mémoires >> conservés dans les archives du Ministero degli Affari Esteri à l’Archivio di Stato de Naples. Cet ensemble de propositions nous éclaire sur les conceptions qu’avaient alors de la police ses principaux responsables, ceux qui avaient expérimenté le << Magistrato di Polizia >>, réorganisé à l’automne 1799 dans les difficiles circonstances du rétablissement de l’ordre monarchique après la chute de la République.  À partir de cet ensemble documentaire, l’article s’attache à l’analyse des pratiques quotidiennes de la police, à travers deux thèmes : la définition des matières de police, à savoir l’ensemble de ses activités, entre prévention et répression ; et ses moyens concrets d’action, en particulier son personnel, avec sa répartition territoriale, sa hiérarchie interne, sa légitimité par rapport à d’autres corps participant au maintien de l’ordre et perçus comme concurrents. Ces << mémoires >> révèlent la vivacité des débats et la diversité des opinions, pendant ces années là, avant la loi de mai 1803, sur la question des fonctions de police et du périmètre de ses missions, entre actions préventives, punitives et d’investigation ; et sur la caractérisation de ses agents, et les contours de leur identité professionnelle.