Biography and autobiography in the Book of the Courtier of Baldassare Castiglione
Biographie et autobiographie dans le Livre du Courtisan de Baldassare Castiglione
Résumé
The article focuses on a reflection on the concept of collective biography, resonated with another term, the term of generation. These two concepts can be useful tools for the historian, particularly with regard to certain historical moments of passage. The concrete case from which the reflection develops is that of the generation of the Courtisan, the generation of those men, aristocrats and gentlemen of Italy at the beginning of the Sixteenth Century who were confronted with the dramas of the Italian wars and the collapse of the small states of the peninsula. Baldassar Castiglione chose several of these men as characters in his best-known work, The Book of the Courtier. In this case, therefore, the generational consciousness of the actors and the self-representation of the generation is done through a literary text. A text that is configured as the experience of an autobiography which is not only an individual one, but a collective one as well. It is striking to note that the Courtier has a very long genesis, with several versions, several elaborations. It was not until 20 years after he began to write that Castiglione decided –moreover because of constraints beyond his will– to publish it. It is interesting to note that some historical characters, described in the book, took part in the editorial development, and then the promotion of the work across all the courts of Europe. In recent decades, the story of the reception of the Courtier and the use of the text from the European readers of Modern Age ended up hiding what the Courtier meant for its author and for the men of the time: the work meant to be above all a generational representation, and a political and cultural instrument at the service of a strategy of social self-promotion.
L’article porte sur une réflexion autour du concept de biographie collective, mis en résonnance avec un autre terme, celui de génération. Ces deux concepts peuvent être des instruments utiles à l’historien, notamment pour ce qui concerne certains moments historiques de passages. Le cas concret à partir duquel se développe la réflexion est celui de la génération du Courtisan, c’est-à-dire de ces hommes, aristocrates et gentilshommes de l’Italie du début du XVIe siècle qui furent confrontés aux drames des guerres d’Italie et à l’écroulement des petits états de la péninsule. Plusieurs de ces hommes ont été choisis par Baldassar Castiglione comme personnages de son œuvre plus connue, le Livre du Courtisan. Dans ce cas donc la conscience générationnelle des acteurs et l’autoreprésentation de la génération se fait par un texte littéraire. Un texte qui se configure comme l’expérience d’une autobiographie non seulement individuelle, mais également collective. Il est frappant de constater que le Courtisan a une très longue genèse, avec plusieurs versions, plusieurs élaborations. Ce n’est que 20 ans après avoir commencé à l’écrire que Castiglione se décide – d’ailleurs à cause de contraintes indépendantes de lui – à le publier. Il est intéressant de remarquer qu’à l’élaboration éditoriale, et ensuite à la promotion de l’œuvre dans toutes les cours d’Europe, prennent part les personnages du texte. Ces dernières décennies, l’histoire de la réception du Courtisan et l’utilisation du texte de la part des lecteurs européens d’âge moderne ont fini par cacher ce que le Courtisan signifié pour son auteur et pour les hommes de son époque : avant tout une représentation générationnelle, et un instrument politique et culturel au service d’une stratégie d’autopromotion sociale.