Déterminer la carrière d'origine des granites utilisés comme fûts depuis l'antiquité fait partie de la compréhension des anciennes routes commerciales des matériaux de prestige. Nous passons brièvement en revue l'état actuel des connaissances sur cette problématique archéométrique en utilisant des techniques non invasives. Le protocole établi utilisant la susceptibilité magnétique peut être mis en œuvre par l'analyse chimique dans des cas spécifiques comme démontré ici. Un inventaire systématique et une recherche de fûts de granite d'origine présumée antique ont été réalisés sur l'ancien territoire de la Narbonnaise. 276 fûts complets ou fragmentaires ont été identifiés et utilisés pour déduire un nombre minimum de 174 fûts complets initiaux, provenant de 21 localités. Seules 4 localités (Aix, Arles, Die, Riez) contribuent à 54% de l'ensemble du corpus. Le sourçage a été effectué en utilisant une combinaison d'assignation visuelle, de susceptibilité magnétique et chimique, en comparaison avec les carrières antiques connues d'Egypte, de Turquie, d'Elbe, de Corse et de Sardaigne. Les sources turques dominent fortement (75%), suivies par l'Elbe (20,5%). Les sources mineures sont les granites roses d'Assouan et de Sardaigne, ainsi que le granite gris de Corse, trouvé uniquement à Die. L'ambiguïté entre la source corse et le granite gris égyptien de Mons Claudianus a été résolue par la détermination des teneurs en Sr et Rb par fluorescence X portable. Comme la majeure partie du corpus est constituée de fûts présents dans un contexte médiéval à moderne, l'interprétation de nos résultats en termes de choix architecturaux et économiques de l'époque romaine doit être faite avec prudence. Le transport sur de longues distances de spoliae ou de fûts nouvellement exploités peut avoir eu lieu après l'époque romaine.