Cette communication se propose de décrire la façon dont le marché ultra-concurrentiel des produits stupéfiants sur internet met à l’épreuve les acteurs de la réduction des risques. C’est d’abord un continuum qu’il s’agira de mettre en perspective : des smart shops aux sites en ligne de Research-Chemicals, de l’émergence à l’éclatement des marketplaces sur le deepweb, un marché mondial aux ramifications multiples s’est progressivement structuré autour d’une offre de produits stupéfiants prohibés et de substances composites non illégales, et d’une méthodologie d’achats répertoriée et relayée par les usagers sur les réseaux sociaux. Dans ce marché basé sur le pseudonymat et la volatilité des sites, les acheteurs finissent par reconnaitre certains vendeurs et par leur attribuer une réputation au gré de leurs explorations et de leurs déboires (ExitScam). Dans ce contexte, un espace d’action et de mobilisation s’est ouvert pour les acteurs de la réduction des risques. Pourtant ceux-ci l’investissent avec réserve. Nous montrerons que cet embarras tient autant à la réappropriation de la réduction des risques, par ces plateformes, de son univers de discours (libre échange d’informations, anonymat, formation mutuelle, habiletés techniques, activisme politique) qu’à la variété des rapports que les acteurs entretiennent avec la légalité des activités relatives à ces sites. Nous nous interrogerons sur ce que ces plateformes font faire et dire aux acteurs de la réduction des risques.