Le glissement populiste de l'identité catholique et la réaction politique à la visibilité de l'islam Blandine Chelini-Pont Longtemps, les catholiques pratiquants ont été plus que le reste des Français réticents à voter en faveur du FN, devenu RN en 2018. Mais à partir des régionales de 2015, ils sont de plus en plus nombreux à faire ce choix. Au second tour de la présidentielle de 2017, 29 % des pratiquants réguliers votent Marine Le Pen, à côté d'une forte proportion d'ouvriers (44%), d'employés (54%), de chômeurs (53%) et de non-bacheliers (55%). Sans doute cette part catholique reste-t-elle minoritaire-à la mesure de l'affaiblissement démographique des catholiques-mais sa dynamique manifeste un changement profond. Les catholiques semblent atteints par la spirale d'inquiétude sociale et culturelle qui bouscule toute la société française autour des questions de terrorisme et d'immigration, et qui brise ses clivages politiques traditionnels. Depuis l'assassinat du P. Jacques Hamel, les catholiques ont découvert qu'ils étaient devenus spécifiquement des cibles du terrorisme islamiste. Les « crises des migrants » depuis 2015 ont accru leur ressenti du délitement de leur environnement social et national séculaire. A ce titre, leur rejet traditionnel du populisme s'affaiblit, d'autant que ce dernier se déclare désormais « chrétien ».