L’impression d’être étrangers au monde qui habite les personnages d’Olivier Adam entre parfois directement en résonance avec l’exil que connaissent les populations contraintes de fuir leur pays pour échapper aux conflits ou à la misère : en témoigne notamment le roman A l’abri de rien. Après avoir étudié la manière dont se tisse, dans l’œuvre, une relation en miroir entre les réfugiés clandestins et l’héroïne, nous montrons que le mode de narration intérieur confère un relief certain au récit migratoire. Pour autant, ce parti pris subjectif laisse le lecteur seul juge : l’absence d’omniscience de la narratrice tient en effet le plus souvent le pathos à distance et permet aux personnages, quel que soit leur statut, de se dévoiler dans leur foncière ambivalence.