Cet article examine la coercition seigneuriale dans le Narbonnais au cours du xiie siècle en se concentrant sur le surplus et l’activité des paysans. Les loyers proportionnels et fixes, perçus sur les oliveraies, les vignobles et les champs de céréales, sont au centre de l’étude. L’analyse de ces loyers permet d’évaluer la valeur relative de ces produits les uns par rapport aux autres en fonction de leurs taux différents. En ce qui concerne le contrôle des biens, la seigneurie temporelle de l’abbaye de Fontfroide sera étudiée grâce au Chartrier de l’abbaye de Fontfroide. Bien qu’il lui soit interdit de percevoir des revenus seigneuriaux sur les propriétés foncières par l’ordre cistercien primitif, le monastère profite tout au long de cette période de l’autorité grandissante qu’il avait acquise en consolidant de nouvelles terres. Généralement considérée comme étrangère aux réalités économiques de l’époque, la vie dans les premières granges ne semble pas avoir été totalement modifiée, car les terres détenues par les moines, y compris les locations, attestent d’un certain degré de continuité dans l’environnement rural.