Au regard de sa trajectoire idéologique et de ses prises de position politiques sur les questions d’immigration, d’islam, des droits des minorités sexuelles et de genre, de la famille et de la sécurité, il paraît difficile de continuer à classer Michel Barnier comme un « libéral européaniste », ouvert sur l’international : son euro-souverainisme flirte clairement avec les thèses populistes et xénophobes de l’extrême droite. Il n’en reste pas moins que cette évolution personnelle n’a rien d’exceptionnelle dans le paysage politique français : elle est à l’image de la radicalisation identitaire et sécuritaire d’une grande partie de la droite hexagonale38, et même de certains milieux centristes, dont les programmes électoraux ressemblent à s’y méprendre à ceux de leurs « concurrents » d’extrême droite.