Depuis le début de sa carrière il y a cinquante ans, les écrits de Joyce Carol Oates – ses récits de fiction tout autant que ses récits non-fictionnels – n’ont cessé d’explorer de manières diverses les mystères de la vie. Etudier ce qui constitue l’individu, ce qui le caractérise dans sa relation avec le monde, les problèmes qu’il peut avoir pour interpréter ses expériences et sa façon de comprendre la différence entre rêve et réalité sont des thématiques que l’on retrouve dans toute sa fiction. En ce qui concerne la forme qu’elle adopte pour véhiculer ces notions thématiques, ses œuvres ont toujours manifesté une certaine hybridité et on arrive difficilement à les classer dans une catégorie particulière. De plus en plus, les romans d’Oates rappellent la fiction policière mais l’écrivaine préfère parler d’histoires de « mystère et suspens » plutôt que d’employer le libellé « roman policier ». Elle a peut-être raison car bien que faisant penser au roman policier, les œuvres étudiés – Rape : A Love Story, The Tattooed Girl, Beasts, et The Falls – ne correspondent que partiellement aux conventions du genre. Cette thèse à pour but d’examiner la façon dont Oates réécrit le policier pour le plier à sa vision énigmatique du monde, le rendant ainsi plus humain et plus pertinent aux lecteurs contemporains.