Le Liber miraculorum et les reliques de sainte Foy de Conques sont connus pour avoir fasciné nombre de chercheurs. La question d’une survivance du paganisme (remploi d’un masque impérial comme figure de « l’idole », récit pétri de réminiscences d’auteurs antiques) a été longuement débattue. Toutefois, l’imprégnation biblique du Liber ne saurait être négligée. Bernard d’Angers reste un héritier de la renaissance ecclésiale carolingienne. Son œuvre littéraire ainsi que les constructions monumentales (basilique, locus secretus, aurea imago) célébrent le triomphe de la foi chrétienne en associant théologie biblique et conception eschatologique. Les restes corporels de sainte Foy et ses apparitions ne font pas de son tombeau un sacer locus, au sens antique incluant songe et incubatio, mais un propitiatorium où est invoqué le Christ, Sauveur des hommes. La Majesté de sainte Foy, par sa singularité, fait resplendir le visage d’or du Bien-aimé (Ct 5, 11), accompagne les hommes dans leur périple terrestre à la manière de l’arche d’alliance (Ex 25, 10-18) et suscite une crainte révérencielle face au Juge de la fin des temps (Ap 20, 11). Plus prosaïquement, le pouvoir que représentait une telle relique permit d’assurer la prospérité du monastère par l’afflux d’or et le commerce des cierges.