L'étude du langage du cœur et du corps s'avère essentielle pour le justiste, écrivain et historien Giovanni Bonifacio (1547-1635) qui fonde son discours sur la littérature antique, la Bible, les juristes, les auteurs italiens et sa propre expérience de juge menée dans les tribunaux de la Terre Ferme vénitienne. Il tend à présenter une grille de lectures et d’interprétations en mesure de saisir les intentions de l’individu sur la base de ses actes, de ses signes et de ses émotions que le corps laisse échapper. Cette recherche de la vérité s’intègre dans un contexte politique, institutionnel et culturel au sein duquel le pouvoir républicain et aristocratique, entre les mains du seul patriciat vénitien, qui refuse d'admettre des hommes nouveaux dans ses rangs, maintient la dualité juridique et culturelle existant entre deux univers opposés, Venise et la Terre Ferme. Selon Bonifacio, il convient d'inviter les futurs serviteurs de la République à adopter le silence, la révérence et la discrétion envers leurs patrons-protecteurs. Quoiqu'il critique les pratiques de la simulation et de la dissimulation, imposées par les normes sociales et les pouvoirs, il se trouve conduit à les proposer, car il est convaincu que, seulement ainsi, il est possible de vivre dans la sérénité.