Une main-d’œuvre invisible ? Les femmes dans la Grande Fabrique au xviiie siècle
Résumé
In the 18th century, Lyon’s textile sector was dominated by the silk industry (Grande Fabrique) which employed up to 34 000 workers in 1789. The weaver’s workshop, which in many cases was also the family home, was a place where men and women worked side by side, in which the differences in tasks and wages reflected gender norms. This article focuses on daughters, wives and widows of master weavers, who played a key role in the organization of weaving and contributed to the weavers’ family income. Somewhat paradoxically, they were the hardest to find in the sources of all the people working in the Grande Fabrique, even though they were the only women officially authorized to carry out weaving. They were also intrinsically linked to the corporate identity of the maître ouvrier, who, as head of the household, was expected to provide work for his family members. Building on documents which had not been studied systematically and collectively until now, the aim of this paper is to highlight the central – if somewhat invisible – nature of female weavers’ work.
Au xviiie siècle, le secteur textile lyonnais est dominé par la manufacture de soie (Grande Fabrique) qui emploie jusqu’à 34 000 personnes en 1789. L’atelier du tisserand, qui dans bien des cas se confond avec l’espace domestique, est un lieu de production mixte où hommes et femmes travaillent côte à côte et où la hiérarchie des tâches et des rémunérations reflète des normes de genre. L’article se concentre sur les filles, femmes et veuves de ces « maîtres ouvriers », dont le travail tient une place essentielle au sein des ateliers tout en contribuant au revenu familial. De façon paradoxale, leurs activités ont été très largement occultées par la plupart des sources relatives à la Grande Fabrique, bien qu’elles aient été les seules femmes officiellement autorisées à pratiquer le tissage. Ce privilège est intrinsèquement lié à l’identité du maître ouvrier qui, en tant que chef de famille, est censé fournir du travail aux siens. L’étude s’appuie sur des sources largement inexploitées afin d’éclairer le rôle central – bien que parfois invisibilisé – du travail des femmes sur les métiers à tisser.
Domaines
Sciences de l'Homme et Société| Origine | Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte |
|---|---|
| Licence |
