Lors du sommet des jeunes dirigeants de l’Asie à Melbourne en novembre 2017, le président de l’Université Nationale Australienne (ANU) et ancien ministre des affaires étrangères australien Gareth Evans identifia les « cinq basculements géopolitiques » qui ont transformé les relations internationales des pays de la région depuis le début du XXIe siècle. Les deux principaux selon Evans étaient « la montée rapide de la Chine, et le déclin relatif des États-Unis » , mais il est à souligner que, quelques dix-huit mois après le référendum de juin 2016 qui a déterminé le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, il n’y avait aucune place dans son bilan pour le Brexit. Pourtant, les futures relations du Royaume-Uni avec l’Australie et les pays du Commonwealth de l’Asie-Pacifique avaient occupé une place significative dans le débat public outre-Manche, et la contraction anticipée de l’U.E. après six vagues successives d’élargissement à vingt-huit pays membres ouvre des perspectives de réalignement durable des politiques étrangères de part et d’autre. Pour comprendre le pourquoi du non-dit et mesurer son impact géopolitique, il convient de croiser les perspectives britannique et australienne pour considérer comment l’Australie appréhende ses relations avec le Royaume-Uni et l’Europe dans le sillage du Brexit, basculement qui se lit en filigrane de la globalisation en crise.