Depuis ces deux dernières décennies, les pays occidentaux dont la France, sont nombreux à avoir adopté des réformes proposant une approche par compétences (APC) au sein des curricula (Anderson-Levitt, Bonnéry, & Fichtner, 2017) pour une meilleure contribution de la formation universitaire à la professionnalisation des publics qu’elle accueille (Chauvigné & Coulet, 2010). Coulet (2016) a réalisé une revue de littérature pour présenter la diversité des définitions de la compétence ainsi que leurs limites. Nous retiendrons celle de Le Boterf (2002, p. 1), adaptée au champ de la formation professionnelle : « la compétence d’un professionnel se reconnaît à sa capacité à gérer efficacement un ensemble de situations professionnelles. Pour cela, il devra combiner et mobiliser plusieurs compétences ou ressources ». L’APC s’inscrit « dans une procédure de définition des compétences visées par les diplômes professionnels, [pour une] meilleure adéquation aux exigences des marchés du travail » (Monchatre, 2008, p. 39). Les référentiels de compétence constituent le socle de l’APC. Cependant, l’absence de directives pédagogiques dans ces référentiels (Demeuse et al., 2015), implique un travail d’ingénierie pédagogique basé sur les compétences professionnelles du référentiel, considérées comme « opportun[s] dans les situations que la profession fait rencontrer » (Rey, 2009, p. 110). Notre étude ne s’intéressera pas à l’enseignement universitaire en général mais se focalisera sur la formation initiale en pharmacie. La Fédération Internationale en Pharmacie propose un référentiel composé de 4 blocs de compétences, regroupant 23 compétences déclinées en 124 comportements à maitriser. Parmi ces comportements, 28 s’établissent en collaboration avec le patient, il est donc nécessaire d’envisager des dispositifs pédagogiques permettant de former les étudiants en pharmacie à cette collaboration. (FIP, FIP Global Competency Framework., 2020). En collaborant avec le patient, le pharmacien s’engage à respecter les bonnes pratiques de pharmacie clinique, le recueil, l’organisation et l’analyse des données préalables à la mise en place du plan d’action. (Société Française de Pharmacie Clinique., 2022) L’objectif de ce travail a été d’évaluer la congruence des résultats d’apprentissages par rapport aux objectifs pédagogiques co-construits par une équipe enseignante pluriprofessionelle. Pour coconstruire l’ingénierie pédagogique d’un enseignement dispensé aux étudiants de 3e année, l’équipe enseignante était composée de : deux patientes partenaires, un praticien enseignant-chercheur en pharmacie, un enseignant-chercheur en sciences de l’éducation, un pharmacien d’officine et un étudiant. Le matériel utilisé pour cette communication est composé de l’enregistrement du focus group pré-enseignement pour coconstruire l’ingénierie, du focus group post-enseignement pour faire le bilan critique de la séance, l’évolution sur quatre étapes du script de la vidéo support pour l’atelier et l’ingénierie pédagogique finale. Les résultats de notre étude montrent un positionnement différent en fonction des postures de chaque participant lors de la co-construction. Les patients, formateurs et professionnels n’identifient pas prioritairement les mêmes enjeux d’apprentissage pour cette séance, se positionnant différemment sur les connaissances, les attitudes ou les capacités. Les échanges interprofessionnels arriveront à un consensus autour de la formulation d’une compétence, incluant à priori les préoccupations de chacun. L’analyse du focus group post-enseignement illustre la congruence entre objectifs pédagogiques co-construits et résultats d’apprentissages.