Les métaphores occupent une place centrale dans les discours politiques en tant qu’outils de conceptualisation du pouvoir, que marqueurs sémantiques de positionnement et de domination de l’espace politique et comme instruments de communication et de pédagogie. Les associations rhétoriques et visuelles entre les structures de pouvoir et les éléments aquatiques, maritimes et liquides sont anciennes en raison de l’importance de la maitrise de l’eau et des flux dans l’histoire politique et économique (thalassocratie, irrigation, contrôle des mers et aménagement des fleuves, spectacle de l’eau…). Dans cette contribution à partir d’un double corpus textuel et esthétique, je remonte la généalogie de cette association et je fais l’hypothèse que ces métaphores se sont généralisées depuis le milieu du XXe siècle du fait de la centralité des représentations liquides dans les domaines économiques (fluidité, circulation, liquidités), migratoires (flux, submersion), culturels (thalassotropisme), numériques (dématérialisation, immersion et massification) et environnementaux (rapports à l’eau et aux océans dans l’anthropocène).